Louise Labé chantée par Gil Aniorte

Louise Labé, aussi surnommée « Louïze Labé Lionnoize » ou « la Belle Cordière » est une poétesse née vers 1524 à Lyon. Voici un de ses célèbres sonnets mis en musique sur France Inter

Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie ;
J’ai chaud extrême en endurant froidure :
La vie m’est et trop molle et trop dure.
J’ai grands ennuis entremêlés de joie.

Tout à un coup je ris et je larmoie,
Et en plaisir maint grief tourment j’endure ;
Mon bien s’en va, et à jamais il dure ;
Tout en un coup je sèche et je verdoie.

Ainsi Amour inconstamment me mène ;
Et, quand je pense avoir plus de douleur,
Sans y penser je me trouve hors de peine.

Puis, quand je crois ma joie être certaine,
Et être au haut de mon désiré heur,
Il me remet en mon premier malheur.

Louise Labé, Sonnets

Uchronies éoliennes

La série des Uchronies éoliennes, réalisée par l’artiste belge Claude Biche sur une idée et des textes de Jennifer Lavallé, explore les chefs d’oeuvre de la peinture sur la base d’une interprétation uchronique de l’histoire. Et si, à l’heure de la révolution industrielle, les éoliennes avaient été tout à coup effacées des toiles de maîtres ? Et si la transition énergétique avait en réalité déjà eu lieu ? Comment les grands peintres de l’histoire auraient-ils peint ces paysages du passé peuplés d’éoliennes ? Les Uchronies éoliennes nous invitent à appréhender avec un regard décalé les paysages passés, présents et futurs.

L’uchronie éolienne « La Chute d’Icare » revisite un tableau de Pieter Brueghel l’Ancien (1525-1569), probablement une copie d’un original disparu, exposée au Musée royal d’art ancien à Bruxelles. Dans cette uchronie, Claude Biche intègre harmonieusement les éoliennes au paysage. Tout comme le soleil est une source d’énergie renouvelable, le vent est la force dont les éoliennes tirent parti. Les éoliennes s’accordent à la nature dont elles révèlent la toute puissance. Si Icare tombe et se noie, ainsi que nous le raconte un mythe ancien, c’est qu’il a cru braver les lois de la gravité et de la nature. Il plonge dans le vert émeraude profond de l’océan, sans que personne ne le remarque… Le paysan qui travaille la terre, lui, se concentre avec ardeur, sur sa tâche, sans le remarquer…

© Claude Biche – [Uchronies éoliennes] – 2016
Uchronie d’une oeuvre de Pieter Brueghel l’Ancien, « La Chute d’Icare » [Domaine Public], via Wikimedia Commons
L’uchronie éolienne Portrait de Simonetta Vespucci est un hommage à une jeune femme : bien que Génoise d’origine, Simonetta était célèbre dans la Florence de la Renaissance énérgétique. Le peintre a multiplié les symboles qui rendent la jeune femme intemporelle. Sa coiffure n’a aucun rapport avec la mode de l’époque. La profusion de perles dans ses cheveux symbolise son innocence. La représentation du serpent rappelle la mort prématurée de Simonetta, atteinte de tuberculose. Les éoliennes dans le paysages font écho aux bijoux dans la coiffure de Simonetta, sorte de collier au paysage, sur lequel soufflent des vents contraires.

Les Uchronies éoliennes nous invitent à appréhender avec un regard décalé les paysages passés, présents et futurs.

© Claude Biche – [Uchronies éoliennes] -2016
Licence Creative Commons
Uchronie d’une oeuvre de Pieri di Cosimo, « Portrait de Simonetta Vespucci  » [Domaine Public], via Wikimedia Commons

Attribution – Pas d’Utilisation Commerciale – Pas de Modification 3.0 France
© Claude Biche – [Uchronies éoliennes] – 2016
Uchronie d’une oeuvre de Jacob Grimmer, « Hiver  » [Domaine Public], via Wikimedia Commons

Licence Creative Commons (CC BY-NC-ND 3.0 FR)
Attribution – Pas d’Utilisation Commerciale – Pas de Modification 3.0 France

Sous-titre : « Hiver « 

Poésie sur demande dans le métro parisien

« Donnez-moi votre thème, je vous écris un poème ». À la station Saint-Augustin, dans le métro parisien, la poétesse Laurence Vielle a écouté les voyageurs l’espace d’une journée, et retranscrit leurs pensées et humeurs du moment en poèmes écrits sur le vif.

Ecoute mon coeur

« Écoute, mon coeur…. » Le poème de Rabindranath Tagore,  traduit en français par Mme Hélène Du Pasquier, est devenu un morceau chanté et joué à la flûte sur une composition d’André Caplet… Où musique et poésie se rejoignent en chanson…
Soprano: Michèle Laporte. Flûte traversière: Pascal Le Bourdonnec. Enregistré dans l’église Saint-Vivien (Saintes) le 11 mars 1990.


 

Image :Rabindranathagor, poète hindou : [photographie de presse] / Agence Meurisse

Et pour en savoir plus sur Rabindranath Tagore (1861 – 1941), on peut réécouter cette émission de France Culture diffusée en 2012

Dans la plaine, les baladins…

La voix inimitable d’Yves Montand
célèbre en musique « Les Saltimbanques » d’Apollinaire

Dans la plaine les baladins
S’éloignent au long des jardins
Devant l’huis des auberges grises
Par les villages sans églises.

Et les enfants s’en vont devant
Les autres suivent en rêvant
Chaque arbre fruitier se résigne
Quand de très loin ils lui font signe.

Ils ont des poids ronds ou carrés
Des tambours, des cerceaux dorés
L’ours et le singe, animaux sages
Quêtent des sous sur leur passage.

Guillaume Apollinaire, Alcools, 1913

Aux arbres

Un célèbre poème de Victor Hugo
mis en musique par RymS

Aux arbres

 

Arbres de la forêt, vous connaissez mon âme!
Au gré des envieux, la foule loue et blâme ;
Vous me connaissez, vous! – vous m’avez vu souvent,
Seul dans vos profondeurs, regardant et rêvant.
Vous le savez, la pierre où court un scarabée,
Une humble goutte d’eau de fleur en fleur tombée,
Un nuage, un oiseau, m’occupent tout un jour.
La contemplation m’emplit le coeur d’amour.
Vous m’avez vu cent fois, dans la vallée obscure,
Avec ces mots que dit l’esprit à la nature,
Questionner tout bas vos rameaux palpitants,
Et du même regard poursuivre en même temps,
Pensif, le front baissé, l’oeil dans l’herbe profonde,
L’étude d’un atome et l’étude du monde.
Attentif à vos bruits qui parlent tous un peu,
Arbres, vous m’avez vu fuir l’homme et chercher Dieu!
Feuilles qui tressaillez à la pointe des branches,
Nids dont le vent au loin sème les plumes blanches,
Clairières, vallons verts, déserts sombres et doux,
Vous savez que je suis calme et pur comme vous.
Comme au ciel vos parfums, mon culte à Dieu s’élance,
Et je suis plein d’oubli comme vous de silence!
La haine sur mon nom répand en vain son fiel ;
Toujours, – je vous atteste, ô bois aimés du ciel! –
J’ai chassé loin de moi toute pensée amère,
Et mon coeur est encor tel que le fit ma mère!

Arbres de ces grands bois qui frissonnez toujours,
Je vous aime, et vous, lierre au seuil des autres sourds,
Ravins où l’on entend filtrer les sources vives,
Buissons que les oiseaux pillent, joyeux convives!
Quand je suis parmi vous, arbres de ces grands bois,
Dans tout ce qui m’entoure et me cache à la fois,
Dans votre solitude où je rentre en moi-même,
Je sens quelqu’un de grand qui m’écoute et qui m’aime!
Aussi, taillis sacrés où Dieu même apparaît,
Arbres religieux, chênes, mousses, forêt,
Forêt! c’est dans votre ombre et dans votre mystère,
C’est sous votre branchage auguste et solitaire,
Que je veux abriter mon sépulcre ignoré,
Et que je veux dormir quand je m’endormirai.

A quoi ça sert la poésie ?

France TV Education a mis à l’honneur de très jolies ressources vidéos sur la poésie, à destination des jeunes. La première répond à la question de l’utilité de la poésie. De grands auteurs comme Jacques Prévert et Robert Desnos voient leurs poèmes s’animer dans une série intitulée « En sortant de l’école ». Pourquoi s’en priver ? Cliquez sur l’image ci-dessous pour découvrir les vidéos mises en ligne.