Un superbe concours de récitations poétiques, et des « Voix de la poésies » venues du Canada…
Car la poésie n’a ni âge, ni frontière…
Image : « Paysage dans un sommeil » – Yatrides
Parce que la poésie chamboule tout !
Un superbe concours de récitations poétiques, et des « Voix de la poésies » venues du Canada…
Car la poésie n’a ni âge, ni frontière…
Image : « Paysage dans un sommeil » – Yatrides
Un mot que tu viens d’inventer
Glisse sous ta langue joyeuse,
ta langue de petit lutin…
Malin, le mot a roulé par terre
Il s’est enfui le long du tapis
en chuchotant
C’est un mot drôle, un mot espiègle
Il se cache dans un trou du mur
Dans une minute, tu l’auras oublié
Alors écris-le vite avec ton crayon…
Ecris-le vite avant que ne vienne l’oubli…
Jennifer Lavallé
Image : By Rabier (File:Rabier – Tintin-Lutin, 1898.djvu) [Public domain], via Wikimedia Commons
La grande aiguille trotte sur le mur
Fée des secondes
Fée du Temps qui jamais ne s’arrête
Tandis que cuit le riz
Tandis que pousse le riz
Dans des ailleurs que tu imagines
Les graines
Les petites fées des champs dansent
Jennifer Lavallé
Image : Internet Archive Book Images
Elle avait une carapace, cette petite fille-là.
Mais pas une carapace de tortue, une autre, toute transparente
et que personne n’avait remarquée.
Jennifer Lavallé
Image : Estampe de Berthe Morisot / Source : Gallica
Une vague se leva
Et resta immobile
Quelques instants
Dans le gris de ce ciel d’été
Le jour brilla sur elle
Retenue en l’air
Immobile
Empêchée de retomber
Par un remords soudain ?
Puis elle s’abattit
Et détruisit la première tour
L’enfant, voyant cela,
Tenta de reconstruire
Ce qui était détruit
Mais tandis qu’il peinait
Une nouvelle vague se leva
Et resta dressée en l’air
Quelques instants
Dans le gris de ce jour
L’enfant la regarda
Avec dépit
Pourtant
Elle s’abattit
Et détruisit la deuxième tour
L’enfant perdait la face
La première tour était à moitié reconstruite
Quand se leva une troisième vague
« Non, non… » disait l’enfant
Mais la vague s’abattit
Et détruisit les deux dernières tours.
L’enfant pleurait maintenant
Le château était en ruines
Le jour, presque fini…
On cria son prénom
Il fallait rentrer,
Partir, quitter la plage,
Faire comme si tout cela
N’était pas
Grave…
Jennifer Lavallé
Image : Enfants construisant un château de sable sur une plage / Gallica
Deux sœurs se disputaient une belle poupée : « C’est la mienne !
— Du tout, te dis-je, elle est à moi!
Tu sais bien que la tienne a la tête coupée. »
Et chacune tirait à soi.
Qu’arriva-t-il ? Hélas ! au bout d’une minute,
Cette belle poupée, objet de leur dispute,
Était arrachée en morceaux
Le son coulait à flots de son corps en lambeaux.
Et comme chacune s’entête,
Aux mains de toutes deux un morceau demeurant,
L’une eut les pieds, l’autre la tête,
Et voilà mes enfants pleurant.
A qui la poupée était-elle ?
Je ne sais pas, mais je sais bien
Ce que sur le mien et le tien
Avait rapporté la querelle.
Au lieu de c’est à moi, dites donc c’est à nous.
Enfants, c’est plus utile, et surtout c’est plus doux.
Louis Ratisbonne « La Comédie enfantine »
Image : Léon Comerre [Public domain], via Wikimedia Commons
La nature est tout ce qu’on voit,
Tout ce qu’on veut, tout ce qu’on aime,
Tout ce qu’on sait, tout ce qu’on croit,
Tout ce que l’on sent en soi-même.
Elle est belle pour qui la voit,
Elle est bonne à celui qui l’aime,
Elle est juste quand on y croit
Et qu’on la respecte en soi-même.
Regarde le ciel, il te voit,
Embrasse la terre, elle t’aime.
La vérité c’est ce qu’on croit
En la nature c’est toi-même.
George Sand
Image : « L’oeil, comme un ballon se dirige vers l’INFINI » / Odilon Redon / Source : Gallica
Dame souris trotte
Noire dans le gris du soir,
Dame souris trotte
Grise dans le noir.
On sonne la cloche,
Dormez les bons prisonniers !
On sonne la cloche :
Faut que vous dormiez.
Pas de mauvais rêve,
Ne pensez qu’à vos amours.
Pas de mauvais rêve :
Les belles toujours !
Le grand clair de lune !
On ronfle ferme à côté.
Le grand clair de lune
En réalité !
Un nuage passe,
Il fait noir comme en un four,
Un nuage passe.
Tiens le petit jour !
Dame souris trotte,
Rose dans les rayons bleus.
Dame souris trotte :
Debout les paresseux !
Paul Verlaine
Image : Noguchi, Shunbi / Source : Gallica
Tu es sorcier
Tu l’as toujours été.
Tu aimes former rafales et tourbillons
Dans le cours ennuyeux du Temps
Tu es ce papillon qui virevolte dans le jardin étoilé
Cet oiseau qui s’envole vers la lune rousse
Tu es le héros, le barde, le magicien
Celui qui parle aux animaux
Aux arbres, aux étoiles mystérieuses
Ce nuage qui se transforme en pluie
Et rejoint la mer en furie
Tu es poète
Tu l’as toujours été
Taper avec des cailloux plats comme des silex
sur l’eau tourbillonnante du ruisseau
Ecrire sur le sable ou dans le vent
Jongler avec les mots et faire vibrer les sens
Sans dessus dessous
Courir, sauter, voler vers les nuages
A cheval sur un balai de ménage
Ta magie est sans limite
Jennifer Lavallé / Extrait de « Lits-cornes et grenouilles »
Image : Promenade dans le ciel, J-J. Grandville