L’anniversaire du chat

Poème extrait de l’excellentissime Annibestiaire par le poète Philippe Mathy malicieusement illustré par Aline Claus

Quand c’est l’anniversaire d’un chat
Qu’il organise un thé dansant
Il y a beaucoup d’absents !

Car si l’on danse comme à l’opéra
Qui ne voit-on pas ?
Ce sont les petits rats !

Ne parlons pas des souris
Le temps peut être pourri
Elles préfèrent les voyages
Même si on offre du fromage

Quand c’est l’anniversaire d’un chat
Il se fait du mauvais sang
Il y a tant d’absents
Qu’on pourrait dire en arrivant
Il n’y a pas un chat !

Philippe Mathy

 

Et pour découvrir les anniversaires de la grenouille, du hérisson, de l’alouette, de la vache, de la coccinelle, du kangourou…. vous pouvez commander le livre en écrivant à Véronique : veroesprit@gmail.com

Editions « Le front aux vitres » 🙂

 

 

 

 

Les fables de La Fontaine au 21ème siècle

 

Premier épisode : le lièvre et la tortue

Si le fabuliste Jean de La Fontaine, dont le père était chargé de la surveillance des rivières et des forêts, était encore des nôtres, nous ne doutons pas qu’il prendrait la destruction de l’environnement dont nous sommes témoins en ce 21ème siècle comme sujet de ses réflexions.

La série « Les fables de La Fontaine, la suite » donne une suite contemporaine à certaines de ses fables qu’il avait lui-mêmes empruntées à Esope, en les adaptant aux préoccupations d’aujourd’hui.

Nous vous en souhaitons bonne lecture et invitons nos chers lecteurs et lectrices à nous tenir informé.e.s des réactions des enfants ou à leur faire inventer leurs propres suites de La Fontaine, pour stimuler leur créativité !

La fable est téléchargeable, cliquez ici pour ouvrir le .pdf

Les éditions Sonorité autorisent la diffusion de ces fables dans les cadres non commerciaux, en famille ou à l’école. N’hésitez pas à nous tenir informé.e.s, cela nous fera plaisir.

L’attribution est obligatoire.
Illustrations : Claude Biche
Adaptation : Jennifer Lavallé d’après la fable de La Fontaine

A bientôt pour l’épisode 2 : La cigale et la fourmi, la suite…
Sonorité éditions, février 2020

Un trou dans la page, album poétique

L’association Sonorité, éditrice de la revue en ligne « Chamboule-tout – Poésie pour les Enfants » est heureuse de vous annoncer la parution de son premier titre de livre « Un trou dans la page : Si les arbres pouvaient parler ». Membre de l’association L’autre Livre, l’association édite sans but lucratif.

Sur un récit de Jennifer Lavallé et des tableaux de Claude Biche, l’album « Un trou dans la page » emmène l’enfant loin de sa chambre, au coeur de la forêt primaire. Une histoire pour découvrir les merveilles de la nature….

Un financement participatif sur la plateforme Zeste a permis la publication de l’ouvrage en papier recyclé 170 grammes. En effet, l’association Sonorité souhaitait publier un livre d’images pour faire rêver les jeunes enfants (à partir de trois ans), et leur faire en même temps comprendre que c’est de la nature que nous tenons toutes les merveilles que nous pouvons voir et entendre. L’enfant tire, à travers un trou découvert au creux d’une page, sur le fil d’un récit fantastique, qui l’emmènera jusqu’à la découverte d’un secret à transmettre…

Notre souhait est d’éditer, dans la tradition des beaux livres d’images, un ouvrage que l’enfant aura envie de lire et de relire, qu’il ouvrira parfois seulement pour le plaisir des images, et qu’il aura envie de conserver. Un ouvrage à rebours du livre consommable, édité avec du papier respectueux de l’environnement et dans un format maniable par de petites mains. Un livre qui place la nature au cœur de ses préoccupations et éveille l’enfant au respect de la biodiversité.

Les images sont peintes à la main en techniques traditionnelles par Claude Biche, artiste peintre et photographe formée aux Beaux-Arts à Mons et Bruxelles (Belgique). Née en 1953, passionnée depuis toujours de jardins et de plantes, Claude Biche s’exprime par l’image, qui tient une place essentielle dans l’album, par l’expressivité des couleurs et des personnages. L’image raconte, autant que le texte.

Le récit est de Jennifer Lavallé, monteuse, documentaliste et autrice éditée dans des revues et recueils poétiques collectifs. Elle souhaite sensibiliser les enfants à l’urgence de la lutte contre l’extinction massive des animaux. Son souhait : donner la parole à la nature, en laissant une place au rêve et au merveilleux, afin de susciter l’espoir et le courage, plutôt que la désespérance…

L’ouvrage peut être commandé via Librest ou en librairie.

Les libraires et bibliothécaires peuvent également directement contacter l’association en envoyant un email à poesie@chambouletout.fr

L’ouvrage se prête bien à des rencontres autour de la thématique du papier (histoire, fabrication) et à la sensibilisation au respect de la nature.

Si

Si, l’un des plus beaux poèmes jamais écrits
Un poème à connaître par coeur
Ecrit par Rudyard Kipling en 1910
Publié par Rewards and Fairies
Réédité avec de magnifiques illustrations par les éditions Plume de Carotte

Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te remettre à rebâtir,
Ou perdre d’un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir ;

Si tu peux être amant sans être fou d’amour,
Si tu peux être fort sans cesser d’être tendre
Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre ;

Si tu peux supporter d’entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d’entendre mentir sur toi leurs bouches folles
Sans mentir toi-même d’un seul mot ;

Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les rois
Et si tu peux aimer tous tes amis en frère
sans qu’aucun d’eux soit tout pour toi ;

Si tu sais méditer, observer et connaître
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur ;
Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître,
Penser sans n’être qu’un penseur;

Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
Si tu peux être brave et jamais imprudent,
Si tu sais être bon, si tu sais être sage
Sans être moral ni pédant ;

Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d’un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront,

Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
Seront à tout jamais tes esclaves soumis
Et, ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire,
Tu seras un homme, mon fils

+++

If you can keep your head when all about you,
Are losing theirs and blaming it on you,
If you can trust yourself when all men doubt you,
But make allowance for their doubting too;
If you can wait and not be tired by waiting,
Or being lied about, don’t deal in lies,
Or being hated, don’t give way to hating,
And yet don’t look too good or talk too wise:

If you can dream and not make dreams your master;
If you can think and not make thoughts your aim;
If you can meet with Triumph and Disaster
And treat those two impostors just the same;
If you can bear the words you’ve spoken
Twisted by knaves to make a trap for fools,
Or watch the things you gave your life to, broken,
And stoop and build ’em up with worn-out tools:

If you can make one heap of all your winnings
And risk it on one turn of pitch-and-toss,
And lose, and start again at your beginnings
And never breathe a word about your loss;
If you can force your heart and nerve and sinew
To serve your turn long after they are gone,
And so hold on when there is nothing in you
Except the Will which says to them: »Hold on! »

If you can talk with crowds and keep your virtue,
Or walk with Kings–nor lose the common touch,
If neither foes nor loving friends can hurt you,
If all men count with you, but none too much;
If you can fill the unforgiving minute
With sixty seconds worth of distance run,
Yours is the Earth and everything that’s in it,
And–which is more–you’ll be a man, my son!

Titre :
[Nature morte à l’ours en peluche] : [photographie] / [non identifié] – Gallica

Poèmes à crier dans la rue : l’espoir d’un autre monde

Edités en 2007 par Rue du Monde, voici rassemblés « 60 poèmes qui chantent notre rêve commun de liberté et de fraternité » !

Un recueil très contemporain où se croisent des plumes du monde entier pour rêver un autre monde, crier sa révolte et sa colère, rassemblées par Jean-Marie Henry et Laurent Corvaisier dans cet album joliment illustré !

Ainsi que le clame le poète Remco Campert,
La révolution ne commence pas avec de grands mots,
mais avec de petites choses…

Ainsi que l’écrit (le crie) Jean-Marie Kajdanski,
Ils n’empêcheront pas les cerfs-volants
De tenir tête aux vents dominants

Et de chanter avec Richard Moore Rive
Frère, nous pouvons l’apprendre,
toi et moi, le Blanc, le Noir.
Il n’est pas de mélodie
qui soit noire ou qui soit blanche.

Et de déclamer la tête haute ces vers de Marcel Béalu
La liberté je lui connais un nom plus court
Ma liberté s’appelle Amour
Elle a la forme d’un visage
Elle a le visage du bonheur

Alors, parce que la poésie est là aussi pour dénoncer l’intolérable,
terminons en écoutant la grande voix de Talisma Nasreen :

Les filles de la confection regagnent leurs taudis à minuit.
Les vagabonds des rues tentent de leur soutirer quelques takas,(…)

Les filles de la confection sont enchaînées à la corde impitoyable des riches,
Elles marchent tel le bétail aveugle qui fait tourner la machine à huile des riches,
Les riches prennent l’huile, elles n’ont droit qu’aux déchets. (…)
Les filles de la confection marchent ensemble
Comme des centaines de Bangladesh volant dans le ciel du monde.

 

Editions : Rue du Monde
ISBN : 978-2-915569-88-9

 

L’éternelle jeunesse des poètes

Gérard Pourret des Editions Mouck réédite les textes de jeunesse des génies de la littérature, mais pas seulement. C’est à ce travail que nous nous intéressons aujourd’hui : la collection Juvenilia est à découvrir absolument, de Maurice Carême à Rimbaud en passant par Hugo, Daudet ou Mark Twain, chaque ouvrage donne un éclairage passionnant sur les premiers pas littéraires des grandes stars de la littérature !

Les textes écrits alors que ces grands noms n’étaient encore que des enfants ou des adolescents, sont souvent des inédits, ou n’ont du moins jamais été publiés en tant que tels. On appréciera la recherche iconographique qui donne à chaque texte de cette collection son caractère propre, sans formatage apparent. L’idée est aussi de désacraliser les monuments de la littérature, en donnant à découvrir des oeuvres de jeunesse, des textes parfois publiés avec des fautes d’orthographe, comme celui de Flaubert « Drôle de monde que ma tête ».

« La caverne du magicien » écrit par Lewis Carrol à dix-sept ans, et publié dans une revue familiale « Le parapluie du presbytère », présente déjà toutes les caractéristiques et l’originalité que l’on retrouvera quinze ans plus tard dans le célèbre « Alice aux pays des merveilles ». Le lecteur est partie prenante du récit : « Ami lecteur, oseras-tu pénétrer dans la caverne du grand magicien ? » Le rêve cauchemardesque et absurde qui va suivre est mis en images par l’artiste Anne Moreau-Vagnon, dont le travail original mêle photographies et marionnettes.

La démarche d’édition est d’autant plus remarquable que Gérard Pourret fait partie de ceux qui éditent aussi des oeuvres d’enfants. Une autre collection de sa maison, la collection Mutins, est dédiée à ce travail suffisamment rare pour être remarqué et découvert sans attendre.

L’alphabet enchanté de Balthazar

Balthazar et son ami pépin partent  à la découverte des lettres majuscules. Chemin faisant, ils rencontrent un dragon dodu, un moineau masqué, un poisson à pattes… et nous entraînent dans un monde imaginaire et plein d’humour.

Associer des images poétiques à des lettres en toile de jute que le jeune enfant peut caresser et mémoriser les yeux fermés, c’est la belle idée de cet immanquable ! des éditions Hatier. Conçu pour les enfants de trois à six ans tout en intégrant le matériel sensoriel conçu par Maria Montessori des lettres rugueuses, ce beau livre invite les tout petits à entrer par la grande porte dans l’univers merveilleux de la littérature et de la poésie.  

Savez-vous planter… les poèmes ?

Le papillon de Lamartine métamorphosé en coquelicots ou l’albatros de Baudelaire en myosotis, voici la merveilleuse trouvaille de Virginie Symaniec, éditrice de la maison d’édition Le ver à soie. Poètes classiques et contemporains se côtoient dans cette collection de Poèmes à planter où le mot devient littéralement graine. 

Semer, semer de petites pierres de rêverie, de réflexion ou d’émotion au coeur du lecteur. La poésie, n’est-ce pas cela ? Les livres-poèmes à planter du Ver à soie nous invitent à libérer le poème de la page afin de lui restituer sa fonction première : l’oralité.

Un rituel est en effet proposé par l’éditrice, afin que la mue des mots en fleurs se passe dans les règles de l’art du jardin et du lyrisme.

1/ Apprenez par coeur votre poème
2/ Posez-le sur de la terre ou dans un pot
3/ Recouvrez-le d’une fine couche de terre
4/ Arrosez tous les jours en récitant
5/ Des pousses de mots apparaissent
6/ Vos maux se muent en fleurs.

Et tandis que l’enfant s’est approprié chaque mot du poème, ce dernier revit par deux fois : sur sa bouche et dans la lumière du jardin. L’objet matériel (feuilles de papier mûrier et de papiers de soie ), patiemment assemblé à la main par Virginie, est, dès sa création, voué à la disparition, seule restera en effet dans la bibliothèque la couverture en Rives tradition.  

N’est-ce pas délicieusement poétique ? Le  papier à ensemencer fabriqué à partir de graines de coquelicots, de myosotis, de carottes, de mélisse ou de salades variées s’est mué en herbes, en tiges, en fleurs colorées. Mais le poème lui a pris toute sa valeur sémantique dans le coeur de l’enfant.

Et puis il y a cette question qui nous tenaille quand on tient le livre dans la main : alors, planter le poème, ou pas ? Nous voici aussitôt questionnés dans notre rapport à l'(im)matérialité de l’univers. Oui on peut dire qu’il y a là une expérience philosophique simple. 

La poésie se renouvelle, renaît sans cesse. L’énergie du poème prend vraiment son sens par la marque qu’elle laisse dans la mémoire.

Il n’y a sans doute pas de plus belle leçon de poésie.

Jennifer Lavallé 

 

Poèmes pour grandir ou rajeunir

Une bien belle collection que celle-là… les Poèmes pour grandir (Cheyne Editeur) comptent déjà 37 titres publiés au rythme de un par an depuis 1985, date de sa création par Martine Mellinette

Cheyne éditeur fait partie de ceux qui ont su maintenir l’édition de poésie dans son indépendance et dans une haute qualité. Au marché de la poésie, Philippe Mathy, qui y a publié en 1992 « L’Atelier des saisons » me confiait que les titres une fois épuisés, sont régulièrement réédités. C’est une heureuse nouvelle ! et Cheyne m’a chuchoté à l’oreille, au même marché de la poésie, que désormais, le rythme de publication pourrait passer à deux par an.

Dans la gorge des merles,
Le crépuscule rassemble
Toutes ses forces vives
Pour becqueter d’orange
Le velours de la nuit.
Philippe Mathy

L’exigence poétique d’un éditeur comme Cheyne se double d’un plaisir de l’illustration et de l’album. Dans « Ces gens qui sont des arbres » de David Dumortier, il est question d’arbres et d’humains, des êtres humains pareils à des arbres, à moins que ce ne soient les arbres eux-mêmes qui soient des individus à part entière. Humour et poésie, d’un même bois vert, piquant, moqueur mais jamais dénué de tendresse.

Le saule pleureur. C’est parce que ses branches tombent au sol et semblent se lamenter qu’on l’a nommé ainsi. Si ses branches avaient poussé sur les côtés ou en hauteur, on ne l’aurait pas pour autant appelé “saule rieur”. Non. On lui aurait taillé sa joie. David Dumortier

Cette année, ce sont « Les petits malheurs » de Jean-Claude Dubois qui ont la vedette.

Bien sûr qu’ils font des bêtises
mais c’est pas grave.

On voit bien que les enfants
n’ont souvent que leurs mains
pour demander pardon.

On voit bien
qu’ils nous aiment beaucoup
avant de désobéir.

Jean-Claude Dubois

Eh oui, il n’y a pas que les grands qui méritent les hommages de la poésie,
les petits y ont bien droit aussi !

Jennifer Lavallé

Alligators et soupe de poule au riz !

La mini-bibliothèque de Sendak rééditée par l’école des loisirs en 2010 est une série de quatre minuscules livres rouges emplis de poésie qu’il faut absolument faire découvrir aux jeunes enfants L’alphabet et les mois de l’année… s’y déclinent en illustrations et textes pleins d’humour et absolument exquis. Une ode à la soupe de poule au riz et aux alligators, un vrai manuel de magie quotidienne !