C’est à moi !

Deux sœurs se disputaient une belle poupée : « C’est la mienne !

— Du tout, te dis-je, elle est à moi!

Tu sais bien que la tienne a la tête coupée. »

Et chacune tirait à soi.

Qu’arriva-t-il ? Hélas ! au bout d’une minute,
Cette belle poupée, objet de leur dispute,
Était arrachée en morceaux
Le son coulait à flots de son corps en lambeaux.

Et comme chacune s’entête,
Aux mains de toutes deux un morceau demeurant,
L’une eut les pieds, l’autre la tête,
Et voilà mes enfants pleurant.

A qui la poupée était-elle ?

Je ne sais pas, mais je sais bien
Ce que sur le mien et le tien 
Avait rapporté la querelle.

Au lieu de c’est à moi, dites donc c’est à nous.
Enfants, c’est plus utile, et surtout c’est plus doux.

Louis Ratisbonne « La Comédie enfantine »

 

 

 

 

Image : Léon Comerre [Public domain], via Wikimedia Commons