La victoire du rien

À l’opposé du tout, il y a le rien. Ce petit rien du quotidien qui sombre souvent dans l’indifférence. J’ai essayé de lui rendre hommage à travers ces 5 poèmes formant un ensemble.

Olivier Souillard

1.

Juste ce couloir d’immeuble
L’attente qui en découle
Le temps qui se tait
Le rien qui se crée
Le vent absent
Rester là, juste là

2.

Juste cette rampe d’escalier du métro,
Qui accueille des millions de mains.

Des mains tremblantes, chancelantes, ardentes.

L’inclinaison doit être parfaite
Le glissement sans encombre

Et si un inconnu chute quand même,
Rire en silence

3.

Juste ce pot d’échappement qui tousse.
Dans un tourbillon d’hésitation du langage,
Son bruit saccadé me rappelle la difficulté de m’exprimer

4.

Juste une étagère que je croyais étrangèreMais elle a ce pouvoir si étrange
Cette manière de porter mes souvenirs
Les ranger
Les déranger
Les façonner dans la matière

Jusqu’à toucher mes yeux noirs remplis de mémoire

5.

Juste ce mot,

Seul

Heureux dans la brume.

 Olivier Souillard

Illustration : Titre :  La Vieille : Que crains-tu ? un large trou noir ! Il est vide peut-être ? : [estampe] / Odilon Redon sur Gallica