Les arbres

Dans l’azur de l’avril, dans le gris de l’automne,
Les arbres ont un charme inquiet et mouvant

Le peuplier se ploie et se tord sous le vent
Pareil aux corps de femme où le désir frissonne.
Sa grâce a des langueurs de chair qui s’abandonne,
Son feuillage murmure et frémit en rêvant
Et s’incline, amoureux des roses du
Levant.

Le tremble porte au front une pâle couronne.
Vêtu de clair de lune et de reflets d’argent,
S’effile le bouleau dont l’ivoire changeant
Projette des pâleurs aux ombres incertaines.

Les tilleuls ont l’odeur des âpres cheveux bruns,
Et des acacias aux verdures lointaines
Tombe divinement la neige des parfums.

Renée Vivien

Image : Jaffa. Arbre [et homme debout] : [photographie] / Joseph Philibert Girault de Prangey / Source : Gallica / BNF