J’aurais bien aimé être un dinosaure pour toucher le ciel avec mes crêtes
Une fois morte, on m’aurait mise dans un musée
en petits morceaux
et les gens seraient passés devant en souriant
J’aurais bien ri, cachée derrière mes fragments
J’aurais croisé des gens d’une autre époque
des étudiants en médecine qui arborent des dents brillantes
des gamines qui traînent le pied
leurs frères un peu arrogants
J’aurais parfois soufflé un mot pour faire peur »approche… »
et la grand-mère la plus digne serait devenue blanche en pressant fort son pouce sur son alliance
La nuit, le gardien m’aurait raconté l’histoire du premier Homo Sapiens
et l’histoire de la station aérospatiale européenne
et l’histoire du Covid 19
et l’histoire des fleurs
et j’aurais pleuré un peu en pensant à mes frères
et puis le gardien serait sorti pour ne plus jamais revenir
et avec tous les Homos Sapiens masqués
au milieu de mes os épars
j’aurais rêvé d’un nouveau monde
Un poème de Delphine Burnod
illustré par une image numérisée par Gallica Monde avant la création de l’homme : origines de la terre, origines de la vie, origines de l’humanité…