Louise Labé chantée par Gil Aniorte

Louise Labé, aussi surnommée « Louïze Labé Lionnoize » ou « la Belle Cordière » est une poétesse née vers 1524 à Lyon. Voici un de ses célèbres sonnets mis en musique sur France Inter

Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie ;
J’ai chaud extrême en endurant froidure :
La vie m’est et trop molle et trop dure.
J’ai grands ennuis entremêlés de joie.

Tout à un coup je ris et je larmoie,
Et en plaisir maint grief tourment j’endure ;
Mon bien s’en va, et à jamais il dure ;
Tout en un coup je sèche et je verdoie.

Ainsi Amour inconstamment me mène ;
Et, quand je pense avoir plus de douleur,
Sans y penser je me trouve hors de peine.

Puis, quand je crois ma joie être certaine,
Et être au haut de mon désiré heur,
Il me remet en mon premier malheur.

Louise Labé, Sonnets

Autour des jardins

En cliquant sur l’image ci-dessous, vous découvrirez un magnifique recensement de textes poétiques sur les jardins, où l’on se perd avec délectation !
 
  
Exemple avec le poème SURPRISE, d’Anna de Noailles
 
Je méditais; soudain le jardin se révèle
Et frappe d’un seul jet mon ardente prunelle.
Je le regarde avec un plaisir éclaté;
Rire, fraîcheur, candeur, idylle de l’été!
Tout m’émeut, tout me plaît, une extase me noie,
J’avance et je m’arrête; il semble que la joie
Etait sur cet arbuste et saute dans mon coeur!
Je suis pleine d’élan, d’amour, de bonne odeur,
Et l’azur à mon corps mêle si bien sa trame
Qu’il semble brusquement, à mon regard surpris,
Que ce n’est pas ce pré, mais mon oeil qui fleurit
Et que, si je voulais, sous ma paupière close
Je pourrais voir encor le soleil et la rose.
 
« Les Eblouissements »
Anna de Noailles
 
 

Un tableau de Claude Biche

Les tableaux d’illustration sont de  l’artiste Claude Biche, pour un projet d’album jeunesse que prépare Sonorité, l’association éditrice de la revue en ligne Chamboule-Tout, et qui verra le jour en 2018

Aux arbres

Un célèbre poème de Victor Hugo
mis en musique par RymS

Aux arbres

 

Arbres de la forêt, vous connaissez mon âme!
Au gré des envieux, la foule loue et blâme ;
Vous me connaissez, vous! – vous m’avez vu souvent,
Seul dans vos profondeurs, regardant et rêvant.
Vous le savez, la pierre où court un scarabée,
Une humble goutte d’eau de fleur en fleur tombée,
Un nuage, un oiseau, m’occupent tout un jour.
La contemplation m’emplit le coeur d’amour.
Vous m’avez vu cent fois, dans la vallée obscure,
Avec ces mots que dit l’esprit à la nature,
Questionner tout bas vos rameaux palpitants,
Et du même regard poursuivre en même temps,
Pensif, le front baissé, l’oeil dans l’herbe profonde,
L’étude d’un atome et l’étude du monde.
Attentif à vos bruits qui parlent tous un peu,
Arbres, vous m’avez vu fuir l’homme et chercher Dieu!
Feuilles qui tressaillez à la pointe des branches,
Nids dont le vent au loin sème les plumes blanches,
Clairières, vallons verts, déserts sombres et doux,
Vous savez que je suis calme et pur comme vous.
Comme au ciel vos parfums, mon culte à Dieu s’élance,
Et je suis plein d’oubli comme vous de silence!
La haine sur mon nom répand en vain son fiel ;
Toujours, – je vous atteste, ô bois aimés du ciel! –
J’ai chassé loin de moi toute pensée amère,
Et mon coeur est encor tel que le fit ma mère!

Arbres de ces grands bois qui frissonnez toujours,
Je vous aime, et vous, lierre au seuil des autres sourds,
Ravins où l’on entend filtrer les sources vives,
Buissons que les oiseaux pillent, joyeux convives!
Quand je suis parmi vous, arbres de ces grands bois,
Dans tout ce qui m’entoure et me cache à la fois,
Dans votre solitude où je rentre en moi-même,
Je sens quelqu’un de grand qui m’écoute et qui m’aime!
Aussi, taillis sacrés où Dieu même apparaît,
Arbres religieux, chênes, mousses, forêt,
Forêt! c’est dans votre ombre et dans votre mystère,
C’est sous votre branchage auguste et solitaire,
Que je veux abriter mon sépulcre ignoré,
Et que je veux dormir quand je m’endormirai.

Le canari m’a dit…

Une anthologie rassemblant contes et poèmes de toute l’Afrique

Amadou Hampâté Bâ, Tahar Ben Jelloun, Fatou Sow Ndiaye, Nimrod, Jacqueline Daoud, Nadine Fidji, Marie-Léonine Tsibinda sont quelques un.e.s des poètes et poétesses que l’on trouve rassemblés dans ce joli recueil de contes et poèmes d’Afrique édités par le Temps des Cerises, au sein d’une nouvelle collection « Contes et poèmes du monde entier ».

L’anthologie, superbement illustrée par Sandra Poirot Cherif est structurée en seize grands chapitres thématiques : Terre, Fleuve, Maison, Feu, Rue, Forêt, Ciel., Brousse.. Chaque chapitre est ouvert par un conte traditionnel sur le thème, suivi d’un choix de poèmes. L’anthologie a été établie par Réjane Niogret et Christian Poslianec.

Mon conte s’en va. Les poèmes sont là.

« La forêt bouge, la forêt palpite
La forêt se dresse, la forêt dense
Danse au vent.
La forêt des Pygmées, la forêt des mythes. »
Philippe Makita (République du Congo)

La mise en page et la structuration thématique parviennent à éviter l’écueil d’un certain caractère systématique que l’on peut trouver à nombre d’anthologies. C’est un véritable tour de l’Afrique et de sa poésie qui nous sont proposés, avec de belles découvertes au côté d’auteurs contemporains déjà reconnus. Une place importante est donnée aux voix féminines. 

« Je m’appelle Mariama, Marie, Myriem, Marème, Mouskeba,
Maamou à votre aise !
Le O de mon nom Ndoye ouvre son gros orteil sur le monde »
Mariama Ndoye (Sénégal)

Le parti est pris d’offrir une poésie de grande qualité « pour petits et grands ». L’on peut mettre ce livre dans les mains d’enfants à partir de huit ans, mais il saura également combler les adultes férus de poésie. Un credo que nous partageons au sein de la revue Chamboule-Tout. 

« Papa, tu me diras
Pourquoi des enfants ici sont sans-logis et moi dans un palais »
Augustin-Sondé Coulibaly – Burkina Faso

Plus d’informations sur le site de l’éditeur